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First Girl Talk Mali

Si vous avez lu nos derniers articles de blog, vous savez déjà sans doute que Girl Talk a posé ses valises au Mali. Si ce n’est pas le cas, vous le savez maintenant. Le Mali fait désormais partie des pays où s’opère la magie des Girl Talk.

Toujours avec notre partenaire Womanager qui est une organisation des droits des femmes au Mali, nous avons eu notre première rencontre physique avec un peu plus d’une dizaine de jeunes filles maliennes.

Comme le disait ma grande mère, tu ne peux apporter aide ni soutien à autrui sans l’avoir au préalable écouté et obtenu sa permission. C’est donc naturellement que cette première séance était portée sur l’écoute. Nous avons écouté les jeunes filles maliennes sur les problèmes spécifiques auxquels elles font face dans leur société en tant que filles.

Introduction des espaces Girl Talk

Cette séance, en plus de mieux nous faire comprendre le contexte malien en matière des droits des femmes, devait contribuer aussi à déterminer les besoins et légitimer ou non la tenue des espaces Girl Talk au Mali.

Après les présentations et salutations d’usage, nous avons fait un bref exposé de notre organisation, de ses programmes mais c’était sans ravir la vedette au programme Girl Talk.

Les participantes étaient particulièrement curieuses. Nous avons eu droit à plusieurs questions auxquelles nous avons apporté des clarifications.

Comme elles me l’ont elles même dit nous sommes en Afrique dans un contexte où il nous est difficile en tant que filles de nous ouvrir sans tabou sur nos problèmes. Surtout sur des problèmes systémiques nourris par la société, les dogmes ou tout autre chose.

“ La plupart des programmes nous mettent en garde sur ce que nous risquons en tant que fille sans forcément prendre en compte nos ressentis personnels et ces choses qui nous touchent et dont on ne doit pas parler.” Elles étaient donc heureuses de savoir qu’il y avait des programmes comme Girl Talk pour qui, leurs voix, leurs ressentis comptent.

Les défis des filles Maliennes. 

Le Mali à l’image de bon nombre d’autres pays Africain n’est pas un oasis pour les femmes.
Les femmes maliennes d’hier à aujourd’hui continuent de faire face à des problèmes spécifiques à leurs sexes. Malgré les efforts, les avancées et les promesses le constat reste alarmant.

Les participantes à notre séance nous ont partagé quelques-uns de ces problèmes qui n’est pas d’ailleurs très différent de ce que l’on observe ailleurs.

Il s’agit entre autre :

  • Du harcèlement en milieu scolaire.
  • De la déscolarisation des filles dans certaines régions et selon les familles.
  • De l’excision et les autres formes de mutilation génitale.
  • Du mariage forcé. 
  • Du manque d’information sur leurs corps et la sexualité.
  • Des stéréotypes comme une fille ne fait pas certains métiers, une fille est faite pour le mariage…
  • Les viols et autres violences sexuelles. 
  • Les violences domestiques et le poids des charges domestiques. 
  • Le poids de la religion à un moment donné de la vie.

Ces défis sont d’ordre divers mais comme moi vous avez dû constater que le Mali n’est pas un champion du respect des droits sexuels et reproductifs des filles et femmes. 

Nous nous sommes penchés sur la question avec Maimouna Dioncounda Dembélé, spécialiste des Violences Basées sur le Genre et de la Santé Sexuelle et Reproductive et Directrice pays du Centre d’Etude et de Coopération Internationale ( CECI).

Les droits de la santé sexuelle et reproductive au Mali.

Même si c’est un sujet qui revient beaucoup ces dernières années, il reste un champ vaste qu’on a pas terminé de défricher.

En Afrique et particulièrement dans les pays du Sahel, beaucoups de jeunes filles et femmes ignorent qu’elles ont des droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Les gouvernements pour la plupart ne font pas aussi grand chose pour permettre aux citoyennes de leurs pays de jouir pleinement de ces droits. Le Mali fait d’ailleurs partie des rares pays d’Afrique à ne pas disposer de lois pour incriminer les mutilations génitales.

Pourtant, c’est une urgence. Dans un pays où la plupart des filles et femmes ont connu et continue de passer par cette case barbare des mutilations génitales.
Plusieurs études ont été mené au Mali sur les mutilations génitales féminines qui restent l’une des formes de violation grave et récurrent des droits sexuels et reproductifs dans le pays.

Dans un rapport d’étude publié en 2020, le comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a iniqué que d’après une étude datant de 2015, 82,7 % âgées de 15 à 49 ans et 76,4 % des filles âgées de 0 à 14 ans ont subies des mutilations génitales.

https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/TBSearch.aspx?Lang=en&TreatyID=3&DocTypeCategoryID=7

Même si les dates semblent lointaines, pas grand chose n’a changé à ce jour. Les mutilations génitales font toujours partie du quotidien des filles maliennes. 

En plus de ces problèmes certaines participantes nous ont confié ne pas être en confiance pour aborder des sujets liés au corps ou à la sexualité avec les parents. Ce qui est aussi le cas de beaucoup d’autres filles qu’elles connaissent. Elles s’échangent donc entre elles des informations qui ne sont pas toujours vraies. 

Dans un pays comme le Mali où la culture et la religion sont dominantes, il va sans doute que l’accès aux méthodes contraceptives pour les femmes n’est pas facile. 

Les DSSR ne font pas l’unanimité car ils touchent des problèmes comme le corps des femmes, la sexualité, la maternité, les menstrues qui constituent des sujets tabous. La plupart des personnes pensent que parler de ces choses c’est pousser les filles et femmes maliennes à la débauche car c’est leur donner les armes pour prendre le pouvoir sur leurs corps. Les pesanteurs socioculturelles et la religion entretiennent et soutiennent  également cette fausse pensée. 

Nous espérons que les espaces Girl Talk répondront aux attentes des filles maliennes et seront pour elles des espaces où elles apprennent et prennent le pouvoir pour résister face à une société malienne rude envers elles.

Read about our first workshop in Mali here